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à travers la suède

soir-là un magnifique clair de lune, elle paraissait blanche et argentée.

Pas un être humain ne se montrait, et Nils put à son aise parcourir le domaine. Entré dans le jardin, il vit quelque chose qui le mit presque de bonne humeur. Il était monté dans un sorbier pour manger des baies, lorsqu’il aperçut les grappes rouges d’un groseillier. Il se laissa glisser le long du tronc. En regardant autour de lui, il remarqua que le jardin était rempli de groseilliers rouges et noirs, de groseilliers à maquereau, et de framboisiers. Il y avait des navets et des raves dans le potager, des graines aux plantes, des épis à tous les brins d’herbe. Et là, au milieu de l’allée — il ne se trompait pas — une belle grosse pomme brillait sous les rayons de la lune.

Nils s’assit sur le bord d’une pelouse, la grosse pomme devant lui, et se mit à en tailler des morceaux avec son couteau.

— Ce ne serait pas si dur d’être tomte, dit-il, si l’on pouvait partout se nourrir aussi facilement !

Tout à coup il entendit un léger frémissement au-dessus de sa tête et vit presque en même temps devant lui sur l’allée quelque chose qui ressemblait à une petite souche de bouleau. La souche se tordait, et deux points lumineux brillèrent comme deux charbons ardents au sommet. Nils remarqua bientôt que la souche avait aussi un bec crochu, et deux yeux ardents entourés de cercles de plumes. Alors il se calma.

— Cela fait plaisir de rencontrer enfin un être vivant ! dit-il. Peut-être, madame la chouette, voudriez-vous me dire comment s’appelle ce domaine et qui l’habite ?