En entendant cette dernière histoire, Nils fut plus intrigué que jamais.
— Ne veux-tu pas me dire quelle a été ton intention en me racontant ceci ? demanda-t-il.
Bataki ne répondit d’abord rien ; il se contenta de tourner et de retourner la tête en fermant les yeux.
— Puisque nous sommes seuls, dit-il enfin, il y a une chose que je voudrais te demander. T’es-tu jamais bien renseigné sur la condition imposée par le tomte qui t’a transformé, pour te faire redevenir un homme ?
— Voici la seule dont j’aie entendu parler : je dois conduire le jars blanc en Laponie et le ramener sain et sauf en Scanie.
— C’est bien ce que je pensais ! dit Bataki, car la dernière fois que nous nous sommes vus, tu disais avec une si grande fierté qu’il est laid de trahir un ami dont on a la confiance ! Tu ferais bien de demander la condition à Akka. Tu sais qu’elle s’était rendue elle-même chez vous pour parler au tomte.
— Akka ne m’en a rien dit.
— C’est qu’elle pensait sans doute qu’il valait mieux pour toi ignorer la teneur des paroles du tomte. Elle tient plus à toi qu’au jars blanc.
— C’est curieux, Bataki, dit Nils, comme tu as le don de me rendre toujours triste et inquiet.
— Cela peut en effet paraître ainsi, dit le corbeau, mais cette fois je crois que tu me seras reconnaissant de te répéter les paroles du tomte. Il a dit que tu redeviendrais homme, si tu ramenais le jars blanc pour que ta mère pût le tuer.
Nils se leva d’un bond.
— C’est une méchante invention que tu imagines là, Bataki ! s’écria-t-il.