La vieille femme se taisait toujours.
L’homme reprit :
— Le Noir a fait déjà plus de cinq milles aujourd’hui, et la charge ne sera pas plus légère avec toi dans le traîneau.
Les patins du traîneau grinçaient contre la glace, mais on n’entendait pas moins le halètement des loups.
— C’en est fait de nous, dit l’homme. Ça n’a pas servi à grand’chose, ni à toi, ni à nous, de t’avoir ramassée, Maline.
La vieille femme qui jusqu’ici s’était tue, habituée à être toujours malmenée en paroles, ouvrit enfin la bouche.
— Je ne comprends pas pourquoi tu ne débarrasses pas le traîneau des fûts et des cuves. Tu pourrais revenir les ramasser demain.
L’homme comprit que le conseil était bon et s’étonna de n’y pas avoir songé avant. Il remit les rênes à la vieille femme, détacha les cordes qui retenaient les baquets et les fûts et les laissa rouler à terre. Les loups effrayés, puis curieux, s’arrêtèrent pour examiner ce que c’était ; cela donna au traîneau un moment d’avance.
— Si cela ne suffit pas, je me jetterai aux loups moi-même, dit la vieille femme. Peut-être alors échapperas-tu.
Pendant qu’elle parlait, l’homme était en train de dégager une énorme cuve. Tout à coup il s’arrêta.
— Un homme et un cheval en bon état, pensait-il, sont-ils donc vraiment forcés de laisser dévorer une vieille femme par les loups pour se sauver ? Certes, il doit y avoir un moyen de salut. Mais lequel ?
Il reprit son travail. Il s’agissait maintenant de