le Jemtland d’épais brouillards les enveloppèrent ; elles descendirent au sommet d’une colline. Nils croyait bien être dans un pays habité, car il s’imaginait entendre des voix d’hommes et des grincements de voitures. Il aurait bien voulu chercher abri dans une ferme, mais par cet épais brouillard il avait peur de s’égarer. Tout ruisselait d’eau et d’humidité. Des gouttelettes pendaient au bout de chaque brin d’herbe et au moindre mouvement il recevait de véritables douches.
Il fit quelques pas pour chercher un refuge, lorsqu’il aperçut devant lui un édifice très haut, mais pas très grand. La porte était fermée et l’édifice inhabité. Nils comprit que ce ne pouvait être qu’une tour élevée là pour permettre de mieux voir le paysage. Il retourna près des oies.
— Mon bon jars, appela-t-il, prends-moi sur ton dos et porte-moi au sommet de cette tour là-bas. J’y trouverai peut-être une petite place sèche pour dormir.
Le jars obéit et le déposa sur la plate-forme de la tour, le gamin s’y coucha, s’endormit et ne se réveilla que lorsque le soleil du matin lui frappa le visage. En ouvrant les yeux, il eut d’abord du mal à savoir où il était. Habitué aux déserts de la Laponie, il prit d’abord pour un tableau cette contrée si habitée et si cultivée. En outre le soleil levant donnait à tout des couleurs extraordinaires.
La tour était construite sur une montagne au milieu d’une île située près de la rive orientale d’un grand lac. Ce lac était en ce moment aussi rose que le ciel. Les rives étaient jaunes grâce aux petits bois dorés par l’automne et aux chaumes des champs. Derrière cette bande jaune, la forêt de sapins formait une