elle-même croit qu’il vit, mais je dis, moi, qu’il faut qu’il soit mort.
L’homme aux yeux las se tourna vers Ola.
— Comment s’appelle-t-elle ? demanda-t-il.
Le Lapon réfléchit.
— Je ne me le rappelle pas. Je le lui demanderai. Elle est là-haut dans ma hutte.
— Comment, Ola ? Tu l’as déjà fait venir chez toi avant de te renseigner si son père qui n’est peut-être pas mort le permet.
— Est-ce que je me soucie du père ? S’il n’est pas mort il se désintéresse d’elle. Il devrait être content qu’un autre s’occupe de sa fille.
Le pêcheur jeta sa ligne et se leva.
Le Lapon poursuivit :
— Je crois que le père est peut-être de ces gens que les idées noires poursuivent et qui ne peuvent tenir en place et travailler. Quel bien lui ferait un père pareil ?
Le pêcheur s’était mis à remonter la berge.
— Où vas-tu ? demanda le Lapon.
— Je voudrais voir ta fille adoptive, Ola.
— Bien, dit le Lapon. Viens. Je pense que tu diras que c’est une bonne fille que je me suis procurée.
Le Suédois marchait très vite ; bientôt Ola reprit : « Je me rappelle maintenant son nom. Elle s’appelle Asa. » Jon hâta encore sa marche sans rien dire. Ola Serka aurait ri de satisfaction. Lorsqu’ils furent presque en vue des huttes, Ola ajouta :
— Elle est venue jusque chez le peuple same pour chercher son père, mais si elle ne le trouve pas, je la garderai avec plaisir.
Le Suédois se mit presque à courir.
— Je savais bien qu’il aurait peur si je le mena-