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à travers la suède

Jon Assarsson ne répondit rien : au bout d’un instant, pour ne pas blesser son ami le Lapon par son indifférence, il demanda :

— Mais elle est de ton peuple, n’est-ce pas ?

— Non, répondit le Lapon. Elle n’est pas du peuple same.

— C’est, sans doute, la fille d’un colon qui a l’habitude de la vie ici dans le nord ?

— Non, elle vient du sud, de très loin, répondit Ola d’un ton dégagé.

Le pêcheur sembla un peu plus intéressé.

— En ce cas, je ne crois pas prudent de la prendre chez vous, dit-il. Elle ne supportera guère d’habiter une tente en hiver, si elle n’y a pas été élevée.

— Mais elle aura chez nous de bons parents et de bons frères et sœurs, dit Ola obstinément. Il est pire d’être seul et abandonné que d’avoir froid.

Le pêcheur sembla répugner à l’idée qu’un enfant suédois fût recueilli par les Lapons.

— N’as-tu pas dit, objecta-t-il, qu’elle avait son père au Malmberg ?

— Il est mort, dit le Lapon d’un ton tranchant.

— Tu en es bien sûr, Ola ?

— Naturellement j’en suis sûr ! répondit le Lapon avec mépris. La fillette et son frère auraient-ils eu besoin de parcourir seuls tout le pays s’ils avaient eu un père en vie ? Deux enfants de leur âge auraient-ils eu besoin de gagner eux-mêmes leur vie, s’ils avaient eu un père capable de travailler pour eux ? La fillette aurait-elle eu besoin d’aller seule parler avec le directeur si son père avait vécu ? Serait-elle seule, maintenant que tout le pays same parle de son courage, si son père n’était mort ? La fillette