tu n’as pas voulu lâcher ta ligne de toute la nuit ? dit le Lapon en le saluant.
Jon Assarsson tressaillit et leva la tête. Pas un seul poisson ne gisait dans l’herbe, et sa ligne n’était pas amorcée. Il se hâta de la retirer de l’eau et de garnir son hameçon. Le Lapon s’assit sur l’herbe à côté de lui.
— Je voulais te demander un conseil, commença Ola. Tu sais que j’avais une fille qui est morte l’année dernière et qui nous manque beaucoup.
— Je sais, interrompit le pêcheur, et un nuage passa sur son visage, car il n’aimait pas à entendre parler d’un enfant mort. Il parlait lapon très couramment.
— On ne peut pourtant pas perdre sa vie dans le chagrin ; j’ai pensé à adopter une petite fille ; qu’en dis-tu ?
— Cela dépend, répondit Jon évasivement.
— Je vais te raconter ce que je sais de la petite fille à laquelle j’ai pensé, Jon, répondit Ola. Puis il raconta au pêcheur que deux enfants, un garçon et une fille, étaient venus au Malmberg pour chercher leur père, que le garçon avait été tué par accident et que la petite fille avait voulu l’enterrer avec les honneurs réservés aux grandes personnes. Ola raconta comment elle avait dû aller parler avec le directeur lui-même.
— Et c’est cette fillette-là que tu voudrais adopter, Ola ? demanda le pêcheur.
— Oui, dit le Lapon. Lorsqu’on nous a raconté son histoire, nous n’avons pu nous empêcher de pleurer tous, et nous nous sommes dit qu’une aussi excellente sœur ferait certainement une fille très bonne pour ses parents.