garçon, mais pas avant l’hiver. C’est maintenant le printemps, et mes rennes montent vers les fjells de l’ouest et tu sais que nous autres, gens du peuple same, nous sommes forcés de suivre nos rennes.
La fillette suédoise était l’enfant de gens riches. Elle avait l’habitude de demeurer dans une maison, de dormir dans un lit, de manger à une table. Elle avait toujours méprisé le pauvre peuple des fjells, mais elle avait peur de retourner chez elle, dans la ferme où ne l’attendaient que des morts.
— Laisse-moi alors aller avec toi vers les fjells, dit-elle.
Le garçon accepta volontiers, et c’est ainsi que la fillette suivit les rennes dans leurs pérégrinations. Le troupeau avait hâte de retrouver le bon pâturage des hautes montagnes, et faisait tous les jours de longues marches. On n’avait même pas le temps d’élever une tente, il fallait se jeter sur la neige et dormir pendant les moments où les rennes s’arrêtaient pour paître. Les bêtes sentaient le vent du sud qui hérissait leurs poils et savaient qu’avant peu il balayerait la neige des pentes. La jeune fille et le garçon durent courir après eux à travers la neige fondante et parmi les glaces qui se crevassaient. Arrivés à la hauteur où la forêt de pins cesse et où commence le règne des bouleaux rabougris, ils purent camper et s’arrêter pendant quelques semaines en attendant que la neige fondît sur les sommets. Puis ils y montèrent. La jeune fille se plaignait souvent, mais ne pouvant rester seule sans un être vivant, elle suivit pourtant les rennes et le Lapon.
Sur les hauts plateaux, le garçon dressa une tente pour la jeune fille au flanc d’une petite pente