sa fille était venue. Il s’agissait de ne point l’inquiéter, car il était très étrange et fuyait les enfants. Il disait lui-même qu’il ne pouvait les voir sans être pris de pensées sombres.
Pendant qu’Ola réfléchissait, Asa la gardeuse d’oies, et Aslak, le jeune Lapon qui la veille l’avait tant regardée, causaient. Aslak, qui avait fréquenté l’école, parlait suédois. Il racontait à Asa des traits de la vie du peuple lapon, les Sames, lui assurant que nul peuple n’avait une existence plus heureuse. Asa déclara très franchement qu’elle trouvait terrible de vivre à la façon laponne.
— Si je restais seulement une semaine ici, je serais étouffée par la fumée !
— Ne dis pas ça, répondit Aslak. Tu ne sais rien de nous. Je vais te raconter une histoire ; tu verras que plus on reste parmi nous, plus on s’y plaît.
Et Aslak raconta :
— C’était à l’époque où une maladie appelée la mort noire dévastait la Suède. Je ne sais si elle s’était étendue jusqu’au pays de Same proprement dit où nous nous trouvons maintenant, mais en Jemtland elle fit des ravages si terribles que de tout le peuple de Same qui y vivait dans les fjells et les forêts, il ne resta qu’un garçon de quinze ans ; et des Suédois qui habitaient les vallées des rivières, seule demeura une fillette, âgée elle aussi de quinze ans.
Presque tout un hiver le garçon et la fillette, chacun de son côté, avaient parcouru le pays désert pour chercher du monde, lorsque, vers le printemps, ils se rencontrèrent ; la jeune fille suédoise pria le Lapon de l’accompagner vers le sud où elle espérait trouver des gens de sa race.
— Je te conduirai où tu voudras, répondit le