histoire et qu’elle avait fait des obsèques solennelles à son frère le petit Mats. Elle aurait voulu qu’il parlât moins d’elle et plus de son père. Elle avait entendu dire qu’il vivait parmi les Lapons à l’ouest du Luossajaure, et elle était venue avec le train de Gellivare à Kiruna. Là tout le monde avait été très bon pour elle. Un ingénieur avait envoyé Söderberg, qui parlait le lapon, avec elle jusqu’à l’autre rive du lac pour chercher le père. Elle avait espéré le trouver dès son arrivée, et le cœur battant elle avait parcouru du regard tous les visages en entrant sous la tente. Son père n’y était pas.
Elle vit que Söderberg devenait de plus en plus grave en parlant avec les Lapons. Ceux-ci hochaient la tête et se frappaient à plusieurs reprises le front avec l’index comme en parlant d’un homme qui n’a pas sa raison. À la fin, elle fut trop inquiète pour attendre, et demanda à Söderberg ce que les Lapons disaient.
— Ils disent qu’il est allé à la pêche. Ils ne savent pas s’il reviendra ici ce soir, mais dès qu’il fera un meilleur temps, on ira le chercher.
Puis Söderberg se tourna vivement de nouveau vers les Lapons et reprit la conversation. Il était évident qu’il évitait de parler de Jon Assarsson.
C’était le matin et le temps s’était remis au beau. Ola Serka lui-même, le premier d’entre les Lapons, avait promis d’aller à la recherche de Jon Assarsson, mais il ne se hâtait point. Accroupi devant la hutte, il réfléchissait à la façon d’annoncer à ce père que