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le merveilleux voyage de nils holgersson

et accosta près du campement. Du bateau descendirent un ouvrier et une fillette de treize ou quatorze ans. Les chiens s’élancèrent en aboyant avec rage, et un des Lapons sortit la tête de l’ouverture de la tente pour voir ce qui se passait. En reconnaissant l’ouvrier il fut très content. C’était un ami des Lapons, un homme affable et gai, et qui parlait leur langue.

— Tu viens à point, Söderberg, cria le Lapon. La cafetière est sur le feu. On ne peut rien faire par cette pluie. Viens nous donner des nouvelles.

On se serra en riant pour faire place dans l’étroite tente à l’ouvrier et à la fillette. L’homme commença à causer vivement avec les Lapons dans leur langue. La fillette, qui ne comprenait rien à la conversation, regardait curieusement la marmite et la cafetière, le feu et la fumée, les Lapons et les Laponnes, les enfants et les chiens, les murs de toile et les peaux qui couvraient le sol, les pipes des hommes, les vêtements bariolés et les ustensiles sculptés. Tout était nouveau pour elle.

Tout à coup elle dut baisser les yeux, car tous les regards la cherchaient. Söderberg avait sans doute parlé d’elle, car hommes et femmes, retirant leur courte pipe des lèvres, la fixèrent. Celui d’entre les Lapons qui était assis à côté d’elle, lui donna une petite tape amicale sur l’épaule en disant en suédois : « Bien ! Bien ! » Une Laponne lui versa une pleine tasse de café qu’on lui passa de mains en mains, et un petit gamin, à peu près de son âge, se glissa jusqu’à elle en rampant et en escaladant les gens assis, puis il s’étendit par terre sans la quitter des yeux.

La fillette comprenait que Söderberg racontait son