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le merveilleux voyage de nils holgersson

n’avaient point creusé la terre, ni fait sauter des rochers, ni établi sur une solide maçonnerie les fondations de leur demeure : après avoir choisi un emplacement sec et agréable à proximité du lac, ils s’étaient contentés de couper quelques buissons d’osier et d’égaliser quelques tertres. Ils n’avaient point charpenté ni cloué des journées durant pour élever des murs de bois solides, ils ne s’étaient soucié ni de faîtage, ni de toitures, ni de revêtement de planches, ni de fenêtres, ni de portes et de serrures. Ils avaient solidement enfoncé en terre les pieux de leurs tentes, y avaient accroché la toile, et voilà leur demeure construite. Point de frais d’installation ni d’ameublement : une couche de branches de sapin et de peaux de rennes par terre, une crémaillère retenue par des chaînes au faîte de la tente pour suspendre la grande marmite où ils font cuire leur viande de renne.

Les colons de la rive orientale du lac, qui besognaient pour achever leurs maisons avant l’arrivée du rude hiver, s’étonnaient des mœurs des Lapons qui habitent depuis des siècles le haut nord, et n’ont pas eu l’idée d’élever contre le froid et les tempêtes un abri plus solide que la toile des tentes. Et les Lapons ne comprenaient pas les colons qui se donnaient tant de mal, lorsque pour vivre il suffit de quelques rennes et d’une tente.

Un après-midi de juillet il pleuvait à verse, et les Lapons, qui d’ordinaire en cette saison ne restent guère sous les tentes, s’étaient réunis presque tous autour du feu dans une des tentes et prenaient du café.

Pendant qu’ils dégustaient leurs tasses en causant, un bateau approcha, venant du côté de Kiruna,