— Et puisque je payerai moi-même tous les frais de l’enterrement, j’espérais… Elle s’interrompit de nouveau.
Le directeur leva alors les yeux et regarda Asa, la petite gardeuse d’oies, jusqu’au fond des yeux. Il la mesura et la pesa pour ainsi dire avec le regard presque professionnel d’un homme qui a beaucoup de monde sous ses ordres. Il se dit qu’elle avait perdu foyer, parents, frères et sœurs, et n’était pas encore brisée. Quelle brave femme elle serait un jour ! Mais oserait-il ajouter encore au fardeau qui pesait sur ses frêles épaules ? Ne serait-ce pas le brin de paille qui la ferait tomber sous une charge trop lourde ? Il comprenait ce qu’il avait dû en coûter à Asa de venir chez lui pour parler de son petit frère. Elle l’avait sans doute aimé plus que tout au monde, ce frère. Comment oserait-on opposer un refus à cet amour ?
— Fais comme tu voudras, ma petite fille, prononça enfin le directeur.