il n’y en eut pas beaucoup qui refusèrent. La sœur réussit également à obtenir que la musique jouât et que le petit orphéon chantât devant la tombe. Comme le beau temps semblait encore devoir durer, il fut décidé qu’après le service, les invités prendraient le café dehors. On emprunterait des bancs et des tables à la salle de réunion de la Société de Tempérance ; les magasins promettaient de prêter des tasses. Plusieurs femmes de mineurs ouvraient même leurs armoires pour en sortir des nappes blanches.
Tous ces préparatifs eurent un énorme retentissement. Dans tout le Malmberg on ne parla que de l’enterrement du petit Mats. À la fin la nouvelle arriva jusqu’aux oreilles du directeur de la mine.
En apprenant que plus de cinquante ouvriers allaient suivre le convoi d’un gamin de douze ans qui, par-dessus le marché, n’était après tout qu’un petit vagabond, le directeur trouva l’idée folle. Et du chant et de la musique, et du café après l’enterrement, et des bonbons fondants commandés à Luleâ ! Il envoya chercher l’infirmière pour qu’elle déconseillât cette folie.
— On aurait tort de laisser la pauvre fille gaspiller son argent de la sorte, disait-il. Il ne faut pas se plier aux caprices d’une enfant.
Le directeur parlait très posément, et la garde-malade ne trouva rien à répliquer, tant par respect que parce qu’elle ne pouvait que reconnaître que le directeur avait raison. En l’entendant parler elle dut s’avouer qu’elle avait laissé sa pitié pour la pauvre fillette l’emporter sur la raison.
De chez le directeur, l’infirmière se rendit chez Asa pour lui annoncer qu’il fallait renoncer à des