ladie », Asa, continua-t-il. Toi aussi, n’est-ce pas ? » Comme Asa ne répondait pas : « Je trouve, continua-t-il, que ça ne fait rien de mourir, du moment que je ne meurs pas comme la mère et les frères et sœurs, car en ce cas je suis sûr que tu n’aurais jamais pu persuader à père qu’une maladie ordinaire les a emportés, mais maintenant tu vas voir que tu réussiras. »
Lorsque tout fut fini, Asa resta une grande heure à réfléchir à tout ce que le petit Mats avait enduré dans la vie. Elle se disait qu’il avait supporté tous les malheurs avec le même courage qu’une grande personne. Elle pensait à ses derniers mots : toujours le même courage. Il lui sembla qu’une chose s’imposait : il fallait qu’on enterrât le petit Mats avec les mêmes honneurs qu’une grande personne.
Asa, la petite gardeuse d’oies, se trouvait à ce moment très loin dans le nord, aux grandes mines de Malmberg. C’était un endroit étrange, mais pour obtenir ce qu’elle voulait, peut-être cela valait-il mieux.
Le petit Mats et elle avaient traversé des bois sans fin. Pendant nombre de jours ils n’avaient vu ni champs ni fermes, rien que de pauvres postes de relais ; enfin ils s’étaient trouvés tout à coup devant le grand village de Gellivare, qui, avec son église, sa gare, son tribunal, sa banque, sa pharmacie, son hôtel, s’élevait au pied d’une montagne, zébrée de neige encore à la Saint-Jean. Presque toutes les maisons de Gellivare étaient neuves et bien construites. Si l’on n’avait pas vu la neige au flanc de la montagne et les bouleaux encore sans feuilles, les enfants ne se seraient pas crus en Laponie. D’ailleurs ce n’était pas à Gellivare même que les enfants