ce voyage était long, mais les enfants ne s’étaient point laissés effrayer.
Ils avaient réuni un petit pécule grâce à leur commerce, mais ils ne voulurent pas le dépenser en chemin de fer et résolurent de faire à pied le long trajet. Et ils n’eurent point à s’en repentir. Ils firent un voyage merveilleux. Voici comment.
Avant même d’avoir quitté le Smâland, ils étaient entrés un jour dans une ferme pour acheter quelque chose à manger. La fermière était gaie et causante. Elle leur demanda d’où ils venaient, qui ils étaient ; ils avaient raconté toute leur histoire. La brave paysanne n’en revenait pas. Elle les régala de son mieux sans vouloir rien accepter en payement, et lorsqu’enfin ils se levèrent pour partir, elle leur donna l’adresse de son frère qui habitait la commune voisine. « Vous irez lui donner de mes nouvelles, dit-elle, et vous lui raconterez aussi votre histoire. »
Les enfants suivirent avec plaisir ce conseil, et furent aussi bien accueillis chez le frère que chez la sœur. Il les conduisit même en voiture à une ferme de la commune voisine où il avait des amis. Par la suite, chaque fois qu’ils quittaient une maison, ils entendaient toujours la même exhortation : « Vous feriez bien d’entrer dans telle ou telle maison si vous passez par là, et de raconter ce qui vous est arrivé. »
Presque toujours, dans les fermes où on les envoyait ainsi, il y avait un poitrinaire. Et sans le savoir les deux enfants, parcourant le pays, mettaient les gens en garde contre la terrible maladie, en leur apprenant le moyen de la combattre.
Il y a longtemps, longtemps, des siècles, lorsque la terrible peste, appelée la peste noire, ravageait le pays, on prétendait avoir vu un garçon et une fille