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à travers la suède

ils faisaient des commissions : on pouvait leur confier n’importe quoi. La fillette était l’aînée ; à treize ans, elle était déjà raisonnable comme une grande personne. Elle était grave et silencieuse ; son petit frère était gai et bavard à un tel degré que, disait-elle, lui et les oies caquetaient à l’envi dans les champs.

Les enfants étaient depuis environ deux ans à Jordberga ; il y eut un soir une conférence populaire dans la salle de l’école. Les deux enfants étaient parmi l’auditoire, bien que ce fût une conférence pour les grandes personnes, mais ils n’avaient pas l’habitude de se compter parmi les enfants. Le conférencier parla de cette terrible maladie, la tuberculose, qui tous les ans tue tant de monde en Suède. Il parla très simplement, et les enfants comprirent chaque mot.

Après la conférence ils attendirent le conférencier à la sortie ; quand il parut ils se prirent par la main et, gravement, demandèrent à lui parler. Malgré leurs minois ronds et roses, ils parlèrent avec une gravité de grandes personnes. Ils contèrent ce qui était arrivé chez eux, lui demandant s’il ne croyait pas que la mère et les frères et sœurs étaient morts de cette maladie qu’il venait de décrire. Cela ne lui parut pas improbable. Ce ne pouvait guère être que ça.

Ainsi donc, si le père et la mère avaient su ce que les enfants avaient appris ce soir, ils auraient pu se garder ; s’ils avaient brûlé les vêtements de la pauvre vagabonde, s’ils avaient fait un grand nettoyage dans la cabane et n’avaient pas employé la literie, ils auraient pu vivre encore, tous ceux que les enfants pleuraient maintenant ? Le conférencier répondit que personne ne pourrait l’affirmer avec