bonne ouvrière aux manières franches et gaies. Tout le monde l’aimait. On s’étonnait de la voir si calme après tous ses malheurs, mais la mère était une personne très patiente, très forte et résistante. Si on lui parlait des deux enfants qu’elle avait auprès d’elle, elle répondait seulement :
— Ils ne vivront pas non plus !
Elle s’était habituée à ne rien espérer, et elle le disait sans une larme.
Cependant elle se trompait. Ce fut elle au contraire que la maladie emporta. Ce fut même plus rapide que pour les frères et sœurs. Elle était arrivée en Scanie au printemps ; à l’automne elle laissa les enfants orphelins.
Pendant sa maladie elle répéta à plusieurs reprises aux enfants qu’ils devaient se rappeler qu’elle n’avait jamais regretté d’avoir accueilli la pauvre malade. Il n’était pas difficile de mourir, disait-elle, lorsqu’on avait fait son devoir ; tout le monde devait mourir tôt ou tard, personne n’échappait. À chacun de choisir s’il voulait s’en aller la conscience nette ou la conscience chargée.
Avant de mourir, elle avait essayé d’arranger un peu l’avenir des enfants. Elle avait obtenu qu’on les laisserait dans la chambre où ils avaient habité ensemble tous les trois. Si seulement les enfants étaient logés, ils ne seraient à la charge de personne. Elle savait qu’ils gagneraient leur vie.
Il fut convenu en effet que le frère et la sœur, comme prix de la chambre, garderaient les oies pendant l’été. La mère ne s’était pas trompée : ils réussirent à se tirer d’affaire. La petite Asa faisait des bonbons, et le frère fabriquait des objets de bois qu’ils vendaient ensuite dans les fermes. En outre