Le rêve
Nils leva la tête et regarda autour de lui, encore mal éveillé. Il était couché à un endroit qu’il ne reconnaissait pas. Jamais il n’avait vu cette vallée, ni les montagnes qui l’enfermaient de tous côtés. Il n’avait pas vu ce lac rond qui occupait le milieu de la vallée, il n’avait jamais vu de bouleaux aussi misérables, aussi rabougris que ceux au-dessous desquels il était étendu.
Et où était l’aigle ? Il ne l’apercevait nulle part. Quelle aventure !
Nils se recoucha et ferma les yeux, puis il essaya de se rappeler ce qui était arrivé au moment où il s’était endormi.
Il se souvint que Gorgo avait changé de direction et que le vent avait frappé de côté. Il s’était rendu compte que l’aigle l’emportait d’un vol puissant.
— Maintenant nous entrons en Laponie ! avait dit Gorgo tout à coup, et Nils s’était senti très déçu en ne voyant que des marais infinis et des bois ininterrompus. La monotonie du paysage avait fini par l’assoupir. Alors il avait dit à Gorgo qu’il n’en pouvait plus, qu’il avait besoin de dormir.
Gorgo était descendu à terre, et Nils s’était jeté sur la mousse, mais l’aigle l’avait saisi dans ses serres et était remonté.
— Dors, Poucet ! avait-il crié. Le soleil me tient éveillé et j’ai envie de continuer le voyage.