s’étaient couchées au ras de la tête, la bouche crachait, les yeux agrandis brillaient d’un feu rouge.
Le gamin ne voulut pas se laisser effrayer par un chat. Il fit un pas en avant. Alors le chat bondit et retomba droit sur le gamin, le jeta à terre et se planta sur lui, les pattes de devant sur sa poitrine, la gueule ouverte sur sa gorge.
Le gamin sentait les griffes qui à travers la veste et la chemise lui entraient dans la chair ; les dents pointues lui chatouillaient la gorge. Il appela au secours de toute la force de ses poumons.
Mais personne ne vint, et il crut bien que sa dernière heure avait sonné. Il sentit enfin que le chat rentrait ses griffes et lâchait prise.
— Voilà ! cela suffit. Je te laisse aller pour cette fois à cause de la patronne. Je voulais seulement te faire comprendre qui de nous est le plus fort.
Là-dessus le chat s’en alla, aussi patelin et bonasse qu’auparavant. Le gamin était si honteux qu’il ne souffla pas mot, mais s’en fut vers l’étable à la recherche du tomte.
Il n’y avait que trois vaches. Mais lorsque le gamin se montra, il y eut un tapage et un beuglement à faire croire qu’il y en avait au moins trente.
— Meuh ! meuh ! meuh ! mugissait Rose de Mai, c’est heureux qu’il y ait une justice en ce monde !
— Meuh ! meuh ! meuh ! continuaient-elles toutes ensemble. Il ne put distinguer ce qu’elles disaient, car elles mugissaient plus fort l’une que l’autre.
Il voulait parler du tomte, mais il ne réussit pas à se faire entendre : les vaches étaient en pleine révolte. Elles se démenaient comme lorsqu’il faisait entrer dans l’étable un chien étranger. Elles lançaient des coups de pied, agitaient leurs chaînes, tournaient