Dans le chalet le travail du jour était fini, le souper mangé et les gens causaient. Il y avait longtemps déjà qu’on n’avait passé une nuit d’été dans la forêt, aussi n’avait-on nulle envie de se coucher. Il faisait d’ailleurs plein jour. Les jeunes filles laissaient par moment tomber leur ouvrage, regardaient vers les bois, et se souriaient à elles-mêmes.
« Nous voici encore une fois ici ! » disaient-elles en soupirant d’aise. L’agitation du village s’effaçait de leurs esprits et la forêt les enveloppait de sa paix profonde. Quand à la maison elles avaient pensé qu’elles passeraient tout l’été seules dans la forêt, elles comprenaient difficilement comment elles feraient pour supporter cette solitude, mais à peine aux chalets, elles sentaient que c’était ici le temps le plus heureux de leur vie.
Tout à coup l’aînée des gardeuses leva la tête et dit gaiement :
— Il me semble que nous ne devons pas demeurer en silence ce soir lorsque nous avons parmi nous un conteur comme Klement Larsson. S’il nous raconte une belle histoire, je lui donnerai le cache-nez que je suis en train de tricoter.
Cette proposition fut accueillie avec acclamation, et Klement ne se fit pas prier.
— C’était à Stockholm, pendant que j’étais au Skansen, un jour que j’avais le mal du pays, commença-t-il, et il raconta l’histoire du tomte qu’il avait racheté pour le sauver de la captivité, l’arracher à l’humiliation d’être mis en cage et contemplé par tous les badauds. Puis il raconta comment sa bonne action avait été immédiatement récompensée. L’auditoire suivit son récit avec une stupeur toujours croissante, et lorsqu’il arriva au moment où le laquais royal