Akka s’était fait un point d’honneur d’élever un aigle en faisant de lui un oiseau doux et inoffensif ; elle ne voulut pas admettre que Gorgo allât vivre à sa guise. « Crois-tu donc que je serai l’amie d’un mangeur d’oiseaux ? dit-elle. Vis comme je t’ai appris à vivre et je te permettrai de suivre la bande. »
Tous les deux étaient fiers et indomptables, tous les deux incapables de céder. Akka finit par défendre à l’aigle de se montrer devant elle, et sa colère fut si forte que nul n’osa plus prononcer le nom de Gorgo.
Depuis ce jour, Gorgo erra dans le pays, solitaire et haï de tous, brigand redoutable. Il était souvent d’humeur sombre, et souvent sans doute il regrettait le temps où il croyait être une oie sauvage et jouait avec les oisons. Parmi les animaux il avait acquis une grande renommée de hardiesse. On disait qu’il ne craignait au monde qu’un seul être, Akka, sa mère adoptive. On racontait en outre qu’il n’attaquait jamais une oie.
En captivité
Gorgo n’avait que trois ans ; il n’avait point encore songé à chercher une compagne et à se fixer, lorsqu’il fut pris par un chasseur et vendu au Skansen. Il y avait déjà là quelques aigles. Ils étaient enfermés dans une volière de barres et de fils de fer, élevée en plein air et assez vaste pour contenir un assez gros tas de pierres et deux arbres. Pourtant les oiseaux y languissaient. Ils demeuraient presque toute la journée immobiles à la même place. Leur beau plumage perdait son lustre et se hérissait, et