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à travers la suède

truite, il l’avala sans dire un mot, bien qu’il parût la trouver peu appétissante.

Akka eut un rude travail. Les vieux aigles ne revinrent point, et elle dut à elle seule nourrir l’aiglon. Elle lui apporta des poissons et des grenouilles ; l’aiglon ne sembla point se trouver mal de ce régime : il devenait grand et vigoureux. Il oublia vite ses parents, les aigles, et prenait Akka pour sa véritable mère. Akka de son côté l’aimait comme son propre enfant. Elle s’efforça de lui donner une bonne éducation et de le déshabituer de sa férocité naturelle et de son arrogance.

Deux ou trois semaines plus tard, Akka s’aperçut que le temps approchait où elle allait muer et devenir pendant quelque temps incapable de voler. Pendant toute une lunaison elle ne pourrait apporter à manger à l’aiglon.

— Voilà, Gorgo, lui dit Akka, je ne pourrai plus t’apporter du poisson. Il s’agit de savoir si tu pourras te transporter dans la vallée. Il faut choisir : ou mourir de faim ici ou te jeter en bas, ce qui pourra également te coûter la vie.

Sans répliquer, et sans l’ombre d’une hésitation, l’aiglon grimpa sur le bord du nid ; il ne daigna même pas mesurer la distance des yeux, étendit ses bouts d’ailes et s’élança. Il pirouetta plusieurs fois en l’air, mais sut pourtant tirer parti de ses ailes assez pour arriver en bas à peu près indemne.

Dans la vallée, Gorgo passa ensuite l’été en compagnie des oisons. Il se considérait comme un des leurs, et tenta de vivre comme eux ; lorsqu’ils se jetaient à la nage, il les suivait et manqua se noyer. Il était très humilié de ne pas pouvoir apprendre à nager et s’en plaignit à Akka.