— Pas si vite ! dit Akka. Dis-moi d’abord où sont tes père et mère ?
— Est-ce que je sais ? Ils sont partis hier matin en me laissant un méchant lemming pour toute nourriture. Tu comprends bien qu’il est fini il y a longtemps. C’est honteux de me laisser ainsi mourir de faim.
Akka commença décidément à croire que les vieux aigles avaient été tués ; elle se dit que, si elle laissait l’aiglon mourir de faim, on serait débarrassé à l’avenir de toute cette famille de brigands. Pourtant il lui répugnait trop de ne pas secourir un petit sans défense.
— Qu’est-ce que tu attends ? cria l’aiglon avec impatience. N’as-tu pas entendu que je veux quelque chose à manger ?
Akka ouvrit les ailes et se laissa tomber jusqu’au petit lac du fond de la vallée, et bientôt elle remonta avec une truite dans le bec.
L’aiglon éclata de colère en voyant le poisson.
— Tu crois que je veux manger ça ? siffla-t-il en repoussant la truite de la patte. Apporte-moi sur-le-champ un lagopède ou un lemming, tu entends.
Akka allongea le cou et pinça fortement l’aiglon à la nuque.
— Écoute bien ce que je te dis, fit la vieille oie ; si tu veux que je t’apporte à manger, tu te contenteras de ce que je te donnerai. Ton père et ta mère sont morts et ne pourront par conséquent plus rien pour toi. Si tu veux mourir de faim en attendant des lagopèdes et des lemmings, je ne t’en empêcherai pas.
Là-dessus elle s’envola et ne reparut dans l’aire qu’après une bonne heure. L’aiglon avait dévoré le poisson, et lorsqu’elle déposa devant lui une autre