soin toutefois de ne pas en prendre tant que les oies ne revinssent plus. Les oies sauvages, de leur côté, profitaient malgré cela de la présence des aigles. Ils étaient des brigands, mais ils tenaient éloignés les autres brigands.
Trois ans environ avant l’époque où Nils Holgersson voyageait avec les oies sauvages, la vieille oie-guide Akka de Kebnekaïse regardait un matin, du fond de la vallée, l’aire des aigles. Les aigles partaient pour la chasse peu après le lever du soleil. Les étés précédents, Akka avait tous les matins guetté leur départ afin de s’assurer qu’ils ne choisissaient pas la vallée comme terrain de chasse.
Elle n’attendit pas longtemps. Beaux, mais redoutables, les deux oiseaux s’élancèrent bientôt dans l’air. Ils se dirigèrent vers la plaine cultivée ; Akka poussa un soupir de soulagement.
La vieille oie avait cessé de pondre des œufs et d’élever des petits ; en été elle passait son temps à aller de l’un à l’autre entre les nids et à donner de bons conseils sur la façon de couver et de soigner les petits. En outre elle guettait non seulement les aigles, mais aussi les renards alpins, les hiboux et tous les autres ennemis qui menaçaient les oies et leurs couvées.
Vers midi Akka se mit à épier le retour des aigles, comme elle l’avait fait depuis des années. Elle voyait à leur vol s’ils avaient fait une bonne chasse, auquel cas elle se sentait tranquille pour les siens. Mais ce jour-là elle ne les vit point revenir.
— Décidément je me fais vieille, pensa-t-elle après avoir attendu un bon moment. Les aigles ont dû rentrer depuis longtemps.
Au cours de l’après-midi elle ne cessa pas de sur-