Il se posta devant le miroir et ferma les yeux. Il ne les rouvrit qu’au bout de quelques minutes, s’attendant à voir cesser l’enchantement. Mais non : il était toujours aussi petit. Sauf pour la taille, il était d’ailleurs exactement comme avant. Les cheveux filasse et les taches de rousseur sur le nez, et les pièces aux culottes de cuir, et le raccommodage des bas, il retrouvait tout, mais à une échelle minuscule.
Rien ne servait d’attendre. Il fallait agir. Et ce qu’il y avait de mieux à faire, c’était de chercher le tomte pour s’efforcer de faire la paix avec lui.
Il sauta à terre et se mit à chercher. Il regarda derrière les chaises et les armoires, sous le lit, et dans le four. Il se faufila même dans quelques trous de souris, mais en vain.
Tout en cherchant, il pleurait, suppliait, faisait toutes sortes de promesses : jamais plus il ne trahirait sa parole, jamais il ne serait méchant, jamais il ne s’endormirait pendant le sermon. Si seulement, il redevenait un être humain, il serait le garçon le plus obéissant, le plus doux et le plus gentil. Mais il eut beau promettre, cela ne servait de rien.
Tout à coup il se rappela avoir entendu la mère dire que les tomtes ont coutume de se tenir à l’étable ; il résolut d’y aller. Par chance, la porte de la maison était restée ouverte ; il n’aurait jamais pu arriver à ouvrir le loquet. Il sortit sans encombre.
Arrivé sur le pas de la porte, il chercha des yeux ses sabots, car dans la maison il se promenait naturellement en chaussons. Comment pourrait-il se servir de ses gros et lourds sabots ? Mais au même instant il découvrit sur le seuil une paire de tout petits sabots. Cette découverte ne fit qu’accroître sa peur :