les arbres, il se glissa vers la rive, saisit une des peaux de phoque que les ondines y avaient laissées et la cacha sous une pierre. Puis il regagna son bateau, s’y coucha et fit semblant de dormir.
Bientôt il vit les jeunes vierges redescendre vers la rive pour revêtir de nouveau les peaux de phoques. Elles s’habillaient avec de joyeux rires et mille jeux ; mais bientôt ce furent des plaintes et des cris : l’une d’elles ne pouvait retrouver son vêtement. Elles couraient toutes sur la rive en cherchant, mais en vain. Tout à coup elles s’aperçurent que le ciel pâlissait et que le jour approchait. Elles n’osèrent plus rester à terre, et se sauvèrent en nageant, toutes sauf une, celle qui n’avait pu retrouver sa peau de phoque. Elle demeura au bord de l’eau à sangloter.
Le pêcheur avait certes pitié d’elle, mais il se domina et resta caché jusqu’au jour. Alors il se leva, poussa à l’eau son bateau et, comme s’il l’apercevait tout à coup, il lui dit, après avoir démarré :
— Qui es-tu ? Es-tu une naufragée ?
L’ondine, en le voyant, courut vers lui, et dans sa détresse lui demanda s’il avait vu sa peau de phoque. Le pêcheur fit l’étonné, comme s’il ne comprenait même pas ce qu’elle voulait dire. Alors elle s’assit sur une pierre et pleura. Le pêcheur lui proposa de venir chez lui où sa mère la soignerait.
— Tu ne peux rester toute la nuit ici, où tu n’as ni lit ni rien à manger.
Il parlait doucement et la persuada de l’accompagner.
Le pêcheur et sa mère furent très bons envers la pauvre ondine ; elle sembla se plaire parmi eux. Tous les jours elle devenait plus gaie, aidant la