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le merveilleux voyage de nils holgersson

de ces terreurs enfantines ; un petit frisson lui courut le long du dos. Asbjörn s’en aperçut et se mit à rire. « Je ne l’ai pas guetté, tu sais, dit-il. C’est lui qui est venu à moi. J’étais allé en mer de très bonne heure ce matin. À peine avais-je quitté la terre qu’une bande d’oies sauvages est passée en criant. Je leur ai envoyé un coup de fusil, je les ai manquées ; mais ce petit bonhomme a dégringolé ; il est tombé à l’eau si près de mon bateau que je n’ai eu qu’à étendre le bras pour le prendre. »

— Il n’a pas été atteint au moins, Asbjörn ? demanda Klement.

— Non, non. Il est sain et sauf. En tombant il ne savait pas d’abord où il était et je lui ai attaché les pieds et les mains avec un bout de ficelle pour qu’il ne se sauve pas. Je me suis dit tout de suite que c’était quelque chose pour le Skansen.

Klement se sentit l’âme oppressée. Tout ce qu’il avait entendu raconter dans son enfance sur les gens du « petit peuple », leur esprit vindicatif et leur promptitude à secourir leurs amis, lui revint en mémoire. Jamais ils n’avaient eu de chance, ceux qui avaient essayé de retenir un tomte prisonnier.

— Ne dit-il rien ? demanda Klement.

— Si, au début il essaya d’appeler les oiseaux, mais je l’ai bâillonné pour l’en empêcher.

— Mais, Asbjörn ! à quoi penses-tu ? s’écria Klement effrayé. Ne comprends-tu pas que c’est un être surnaturel ?

— Je ne sais ce que c’est, répliqua Asbjörn impassible. Que d’autres en décident. Je serai content si seulement on me l’achète. Dis-moi maintenant ce que tu penses que le directeur m’en donnera.

Klement garda un moment le silence. Une véri-