Le chien s’élança en aboyant et en jappant aussi loin que lui permettait sa chaîne.
— Il ne se montrera plus de la nuit, dit-il, content de lui-même en revenant près de Nils.
— Il faut autre chose qu’un aboiement pour chasser ce renard-là, dit Nils. Il va revenir, et je me suis promis que tu le feras prisonnier.
— Tu te moques de moi, fit le chien.
— Viens dans ta niche et je te raconterai mon projet.
Le gamin et le chien entrèrent dans la niche. Un moment se passa, pendant lequel on put les entendre chuchoter ensemble.
Quelques minutes plus tard le renard avança de nouveau le museau derrière le coin de la maison ; comme tout était calme, il se glissa dans la cour. Il flaira le gamin jusqu’auprès de la niche, s’assit sur son derrière à une distance prudente, et commença à réfléchir au moyen de faire sortir Nils. Soudain le chien avança la tête et grogna :
— Va-t-en ! Sinon je te mords !
— Je resterai ici tant que je voudrai. Ce n’est pas toi qui me feras déguerpir, répondit le renard.
— Va-t-en ! grogna le chien encore une fois. Sinon tu auras chassé cette nuit pour la dernière fois.
Mais le renard ne fit que ricaner et ne bougea pas.
— Je sais très bien jusqu’où va ta chaîne, dit-il.
— Je t’ai averti trois fois, hurla le chien en sortant de sa niche. Maintenant tant pis pour toi !
Sur ces mots il fit un bond et atteignit le renard sans difficulté, car il était libre. Le gamin avait défait sa chaîne.