la surveillance du chemin de fer le long de la rive, allaient et venaient sans oser dormir ni nuit ni jour. Les paysans qui avaient du foin dans les petites granges des îlots s’empressaient de l’apporter à terre. Les pêcheurs sauvaient leurs filets et leurs nasses. Les bacs étaient envahis par des voyageurs désireux de rentrer chez eux ou de partir avant que l’inondation ne les arrêtât.
Les hommes n’étaient pas seuls à s’alarmer. Les canards qui avaient leurs œufs parmi les buissons de la rive, les campagnols et les musaraignes qui demeuraient le long des bords et qui avaient des petits au nid furent saisis de la plus grande inquiétude. Tous, jusqu’aux cygnes orgueilleux, commençaient à redouter l’anéantissement de leurs nids et de leurs couvées.
Leurs craintes d’ailleurs étaient fondées ; la crue du Mälar s’étendait toujours. Les prés bas autour de Gripsholm furent inondés ; le vieux château fut séparé de la terre par de larges bras d’eau recouvrant l’étroit fossé ordinaire. À Strängnäs la belle promenade de la rive fut transformée en torrent ; à Vesterâs on se préparait à aller en bateau dans les rues. Deux élans qui avaient passé l’hiver dans une île du Mälar, virent leur refuge sous l’eau et durent se jeter à la nage pour atteindre la terre. Des dépôts de bois entiers, une quantité de planches, de cuves, de seaux flottaient à la dérive, et partout les hommes travaillaient à sauver leurs biens.
Vers cette époque, Smirre le renard se promenait un jour dans un petit bois de bouleaux au nord du Mälar. Il pensait toujours aux oies et au Poucet ; il avait perdu leurs traces, et se demandait comment il les rattraperait.