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à travers la suède

coup les notes d’un chant lui parvinrent. Alors il se mit à courir vers la terre.

Au fond du golfe de Râttvik, un long embarcadère s’avance dans l’eau ; tout au bout, se tenaient un groupe de chanteurs ; leurs voix retentissaient dans la paix nocturne du lac. On eût dit que le printemps leur paraissait dormir comme les oies sauvages sur la glace du Siljan et qu’ils voulaient l’éveiller.

Ils avaient commencé par « Je connais un pays très loin dans le Nord », et ils finissaient par « En Dalécarlie demeurait, en Dalécarlie demeure encore… » Sur l’embarcadère il n’y avait point de feu, et les chanteurs ne pouvaient pas voir loin. Mais avec les notes montait devant eux et devant tous l’image de leur pays, plus lumineuse et plus douce qu’à la pleine lumière du jour. Ils semblaient vouloir fléchir le printemps ! « Regarde le pays qui t’attend ! Ne nous viendras-tu pas en aide ? Laisseras-tu encore longtemps l’hiver opprimer un aussi beau pays ? »

Tant que dura le chant, Nils Holgersson écouta ; ensuite, il se remit à courir vers la terre. Un feu brûlait sur la grève même. Il s’approcha si près qu’il pouvait voir les hommes assis ou debout autour du bûcher. De nouveau il se demanda si ce n’était pas un mirage. Jamais il n’avait vu de gens ainsi vêtus. Les femmes portaient des coiffes noires et pointues comme des cornets, de courtes jaquettes de cuir blanches, des fichus à ramages autour du cou, des corsages de soie verts et des jupes noires dont le devant était orné de rayures blanches, rouges, vertes et noires. Les hommes étaient coiffés de chapeaux ronds et bas, et vêtus d’habits bleus très longs, dont les coutures étaient bordées de rouge, de culottes de cuir jaunes retenues aux genoux par des jarretières rouges or-