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à travers la suède

pas comment c’était possible, car la mère avait certainement fermé le coffre avant de partir ; elle ne l’aurait jamais laissé ouvert, lorsque son fils était seul à la maison.

Il se sentit tout à fait mal à l’aise. Il eut peur qu’un voleur ne se fût glissé dans la maison. Il n’osait bouger : immobile, il regardait fixement la glace.

Il attendait que le voleur se montrât ; tout à coup il se demanda ce que signifiait cette ombre noire qui tombait sur le bord du coffre. Il regardait, regardait, et ne pouvait en croire ses yeux. Mais peu à peu, ce qui au début n’avait été qu’une ombre, se précisa, et bientôt il se rendit compte que c’était une réalité. Il y avait là un tomte ni plus ni moins, installé à califourchon sur le bord du coffre.

Certes le gamin avait bien des fois entendu parler des tomtes, mais jamais il n’avait pensé qu’ils pussent être aussi petits. Celui-ci n’était pas plus haut qu’un revers de main. Il avait un vieux visage ridé et imberbe, et portait un vêtement noir très long, des culottes et un chapeau noir à larges bords. Sa toilette était très soignée : des dentelles blanches autour des poignets et du cou, des chaussures ornées de boucles et des jarretières à gros nœuds. Il avait retiré du coffre un plastron brodé, et examinait le travail d’autrefois avec un tel recueillement qu’il ne vit pas que le gamin s’était réveillé.

Celui-ci était bien étonné de voir le tomte, mais il n’eut pas très peur. Comment aurait-il pu avoir peur d’un être si petit ? Et puisque le tomte était absorbé au point de ne voir ni d’entendre, le gamin se dit qu’il serait amusant de lui faire une niche : le pousser par exemple dans le coffre, et rabattre le couvercle ou quelque chose de ce genre.