rive, ils s’étonnaient de la voir encore si éloignée bien qu’ils eussent déjà marché une bonne heure. « Je crois que la rive recule », dit le petit Mats.
Rien sur cette grande plaine de glace ne les abritait plus du vent d’ouest qui, à chaque minute augmentait de violence, et plaquait leurs vêtements contre leur corps de façon à rendre assez pénible la marche. Ce vent froid et pénétrant était le premier désagrément qu’ils eussent rencontré.
Une chose les étonnait beaucoup : le vent arrivait avec un grand bruit, comme s’il avait apporté le vacarme d’un vaste moulin ou d’une usine. D’où ce fracas pouvait-il bien venir ?
Ils avaient passé à gauche d’une grande île, et il leur semblait qu’ils approchaient enfin de la côte septentrionale. Mais en même temps le vent devenait plus gênant, et le grand bruit augmentait.
Tout à coup ils crurent comprendre que ce vacarme était produit par des vagues courant se briser parmi l’écume contre un rivage ; mais comment était-ce possible, puisque le lac était encore couvert de glace ?
Ils s’arrêtèrent cependant et regardèrent autour d’eux. Alors ils aperçurent, très loin à l’ouest, une basse muraille blanche qui coupait le lac de part en part. Au premier abord ils la prirent pour un amoncellement de neige bordant un chemin, mais ils comprirent vite que c’était l’écume des vagues lancées contre la glace.
À cette vue, ils se prirent par la main et commencèrent à courir sans mot dire. Le lac était ouvert là-bas à l’ouest, et ils avaient cru voir que la ligne blanche avançait rapidement vers l’est. La glace allait-elle se rompre partout ? Ils se sentaient en danger.