XXI
LA DÉBÂCLE DES GLACES
C’était le matin de très bonne heure. Les deux petits Smâlandais, Asa la gardeuse d’oies et le petit Mats, cheminaient sur la route qui de Sudermanie mène en Nerke. Cette route court le long de la rive sud du lac Hjelmar, et les enfants regardaient la glace qui couvrait encore la plus grande partie du lac. Le soleil du matin y répandait sa claire lumière et la glace n’avait point l’aspect sombre et traître qu’on lui voit souvent au printemps, mais luisait, blanche et attirante. Aussi loin qu’on pouvait voir, elle paraissait ferme et sèche. La pluie, qui était tombée abondamment la veille, s’était écoulée dans les fentes et les crevasses ou avait été absorbée par la glace même. Les enfants ne voyaient qu’une surface splendide.
Asa la gardeuse d’oies et le petit Mats étaient en route vers le nord ; ils songeaient à tous les pas qu’ils s’épargneraient s’ils pouvaient traverser le grand lac au lieu d’en faire le tour. Ils n’ignoraient