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à travers la suède

dra pas de chasseurs par ici. Vous pouvez en être sûres.

« Il n’y avait rien à faire. Nous nous envolâmes, mais sans nous éloigner de cet endroit. D’ailleurs nous étions à peine arrivées à notre hauteur ordinaire, que nous vîmes l’élan mâle sortir du fourré. Il flairait autour de lui, puis alla droit vers les chasseurs. En marchant, il piétinait des branches sèches qui se brisaient en craquant. Un grand marais découvert se trouva sur son chemin. Il alla s’y poster bien en vue, tout au milieu.

« Il y resta jusqu’au moment où les chasseurs débouchèrent de la forêt. Alors il bondit et se sauva, mais non dans la direction d’où il était venu. Les chasseurs lâchèrent les chiens et coururent rapidement après lui sur leurs skis.

« L’élan, la tête renversée sur son dos, courait à toute vitesse ; la neige volait en tourbillons autour de lui. Chiens et chasseurs restèrent bien loin en arrière. Alors il s’arrêta comme pour les attendre, puis, lorsqu’ils furent en vue, il reprit sa course. Nous avons compris qu’il voulait entraîner les chasseurs loin de l’endroit où étaient les femelles.

« La chasse dura ainsi deux ou trois heures. Nous nous étonnions de voir les chasseurs s’obstiner à poursuivre un pareil coureur, puisqu’ils n’avaient pas de fusils. Croyaient-ils donc pouvoir le lasser ?

« Mais alors nous avons remarqué que l’élan ne fuyait plus aussi vite. Il posait les pieds plus prudemment sur la neige ; quand il les relevait, il laissait des traces de sang.

« Et nous avons compris pourquoi les chasseurs ne se décourageaient pas. Ils comptaient sur la neige. L’élan était lourd ; à chaque pas il s’enfonçait. Et la