très pure. La porte de la maisonnette était restée entr’ouverte et laissait pénétrer les trilles des alouettes. Dans la cour, les poules et les oies picoraient ; les vaches, qui sentaient l’air printanier jusqu’au fond de l’étable, faisaient entendre de temps en temps un long mugissement.
Le gamin lisait, s’assoupissait, sursautait et luttait contre le sommeil.
— Je ne veux pas m’endormir, car alors je n’aurai pas fini de toute la matinée.
Mais, en dépit de cette résolution, il finit par céder au sommeil.
Avait-il dormi longtemps ou seulement quelques instants ? Il ne le savait, mais un léger bruit derrière lui l’éveilla.
Sur le rebord de la fenêtre, en face de lui, une petite glace reflétait presque toute la pièce. Comme il levait la tête, ses yeux rencontrèrent la glace, et il s’aperçut que le grand coffre de sa mère était ouvert.
La mère possédait un gros coffre de chêne, lourd et massif, garni de ferrures, qu’elle ne permettait à personne d’ouvrir. Elle y gardait toutes les choses qu’elle avait héritées de sa propre mère et auxquelles elle tenait beaucoup. C’étaient des robes de paysanne à l’ancienne mode, en drap rouge, à la taille courte, aux jupes plissées et aux plastrons brodés de perles. C’étaient des coiffes blanches, empesées, et de lourdes boucles et chaînes d’argent. Les gens ne voulaient pas porter ces vieux costumes, et souvent la mère avait songé à s’en défaire, mais n’avait pu s’y résoudre : ces choses lui tenaient trop au cœur.
Or, le gamin vit nettement dans la glace que le couvercle du coffre était ouvert. Il ne comprenait