venir très vif de son aventure avec les corneilles.
L’oiseau noir fit à longues enjambées le tour du cadavre et le poussa un peu du bec. Enfin il battit deux ou trois fois des ailes et cria d’une voix suraiguë : « C’est Sans-Défense, la couleuvre, que je trouve morte ici ! » Encore une fois il en fit le tour, puis il s’arrêta et sembla réfléchir profondément en se grattant la nuque avec la patte : « Ce n’est pas possible qu’il y ait dans la forêt deux serpents de cette taille, dit-il enfin. Ce ne peut être qu’elle. »
Il sembla sur le point d’enfoncer son bec dans le corps du serpent, mais tout à coup il s’arrêta. « Ne fais pas la bête, Bataki, murmura-t-il. Comment peux-tu songer à manger la couleuvre avant d’avoir appelé ici Karr ? Il ne voudra pas croire que Sans-Défense, son ennemie, soit morte s’il ne l’a de ses yeux vue. »
Nils s’efforçait de garder son sérieux, mais l’oiseau était si ridiculement solennel, allant et venant et se parlant à lui-même, que le gamin ne put s’empêcher d’éclater de rire.
L’oiseau l’entendit ; d’un coup d’aile il fut sur le rocher. Nils se leva et alla au-devant de lui.
— N’est-ce pas toi qui t’appelles Bataki, le corbeau, et qui es l’ami d’Akka de Kebnekaïse ? demanda-t-il ?
L’oiseau le fixa, puis hocha trois fois la tête.
— Serait-ce toi qui voles en compagnie des oies sauvages et qu’on appelle Poucet ?
— C’est bien moi, acquiesça Nils.
— Quelle chance de t’avoir rencontré ! Tu pourras peut-être me dire qui a tué cette couleuvre ?
— C’est la pierre que j’ai fait rouler sur elle qui l’a écrasée, dit Nils, et il raconta ce qui était arrivé.
— C’est très bien, pour un petit bonhomme comme