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le merveilleux voyage de nils holgersson

son, Karr, couché devant la porte, inspectait tous ceux qui allaient et venaient.

Lorsque tout était calme, que nul pas ne retentissait sur la route et que le garde s’occupait de sa pépinière et de ses carrés de légumes, Karr allait jouer avec le petit élan.

Au début Karr n’avait point eu envie de s’occuper de lui, mais comme il suivait son maître partout, il l’accompagnait aussi à l’étable aux heures où l’on apportait du lait au petit. Karr s’asseyait devant le box et regardait boire l’élan. Le garde lui avait donné le nom de Poil-Gris, car il ne trouvait pas que l’élan méritât un plus beau nom, et Karr était parfaitement de cet avis. Chaque fois qu’il le voyait, il pensait qu’il n’avait jamais rien vu de plus laid et de plus mal bâti. Le petit élan avait de longues pattes dégingandées, si mal attachées qu’on l’eût dit monté sur des échasses. La tête était énorme, vieille et ridée, et penchait toujours d’un côté ou de l’autre. La peau, trop lâche, formait des plis et des bourrelets comme une pelisse trop grande. Il avait toujours l’air triste et découragé, mais, chose étrange, dès qu’il apercevait Karr, il se levait rapidement, comme content de le voir.

Le petit animal semblait mal à l’aise, il ne grandissait pas et son état empirait tous les jours ; à la fin il ne se levait plus, même en voyant venir Karr. Le chien sauta alors dans le box ; une petite étincelle s’alluma dans les yeux de la pauvre bête. Désormais Karr fit tous les jours une visite à l’élan ; il passait des heures auprès de lui, le léchant, jouant et s’ébattant avec lui, et lui enseignant ce qu’il faut que sache un animal de la forêt.

Or il arriva ceci de remarquable que l’élan se mit