choses. Il perdit courage ; la tête pendante il fit semblant de ne reconnaître personne.
Le maître était sur le perron. Karr se fit tout petit et se blottit derrière les jambes du garde, lorsque celui-ci commença à parler des élans. Mais le garde ne présenta point l’histoire de la manière que redoutait le chien. Il fit l’éloge de Karr. Karr avait su que les élans étaient en danger et avait voulu les sauver.
— Que monsieur me pardonne, termina-t-il, mais je ne puis tuer ce chien !
Karr redressa les oreilles. Avait-il bien entendu ? Bien qu’il ne voulût point montrer son inquiétude, il ne put s’empêcher de pousser un petit jappement plaintif. Était-il possible que le simple fait d’avoir voulu sauver les élans, lui valût la vie sauve ?
Le maître fut aussi d’avis que Karr s’était bien conduit, mais comme il ne voulait pas le garder, il hésita sur le parti à prendre.
— Si vous voulez vous en charger et me garantir qu’il ne fera plus de sottises, je veux bien lui laisser la vie, dit-il enfin.
Le garde accepta, et voilà comment Karr vint habiter la maison forestière.
La fuite de Poil-Gris
Dès lors Karr cessa complètement de braconner ; beaucoup moins par peur que par désir de ne pas fâcher le garde, qui lui avait sauvé la vie, et à qui il s’était tout de suite attaché. Il le suivait partout : lorsque le garde faisait un tour, Karr le précédait pour surveiller la route, et lorsqu’il restait à la mai-