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le merveilleux voyage de nils holgersson

drait le renom de la province si le monastère de Vadstena tombait en décadence.

— Tu n’es pas facile à contenter, dit la dame d’Ulvâsa, mais je puis mystérieusement voir assez loin dans les temps pour te dire qu’avant même que le monastère de Vadstena ait perdu son prestige, un château s’élèvera dans son voisinage ; ce château, qui sera le plus magnifique de l’époque, rois et princes le visiteront, et ce sera un grand honneur pour la province de posséder un pareil joyau.

— J’en suis certes fort aise, répéta une fois encore le paysan. Mais je suis vieux, et je sais la vanité des splendeurs de ce monde. Et si le château un jour se délabre, qu’est-ce qui pourra alors attirer les regards des hommes sur cette province ?

— Tu es bien curieux, dit la dame d’Ulvâsa, mais je vois assez loin pour apercevoir une merveilleuse animation dans les forêts autour de Finspâng. J’y vois construire des hauts fourneaux et des forges, et je crois que la province sera très considérée pour son art de travailler le fer.

Le paysan ne nia pas que cela le réjouissait fort. Mais si jamais la gloire des usines de Finspâng déclinait, y aurait-il encore quelque chose dont la province pût être fière ?

— Tu es bien difficile à satisfaire, dit la dame d’Ulvâsa, mais je vois encore assez loin pour te dire que des demeures vastes comme des châteaux surgiront sur les rives des lacs, bâties par des grands seigneurs qui auront fait la guerre à l’étranger. Je crois que ces châteaux orneront grandement la province.

— C’est bel et bien, mais s’il vient un temps où les châteaux tombent en ruine ! objecta le paysan.