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le merveilleux voyage de nils holgersson

— Là où il n’y a ni machines ni chaudières.

Les ouvriers crurent entendre la voix de leur propre nostalgie.

— Laissez-nous venir avec vous ! crièrent plusieurs d’entre eux. Laissez-nous venir avec vous !

— Pas cette année, fit Nils, pas cette année !

Les oies passèrent au-dessus de la célèbre fabrique d’allumettes située au bord du Vettern et qui, grande comme une forteresse, tend vers le ciel ses hautes cheminées. Personne ne remuait dans la cour, mais dans une grande salle, de jeunes ouvrières s’occupaient à remplir des boîtes d’allumettes. Elles avaient ouvert une fenêtre à cause du beau temps, et par cette fenêtre les cris des oies pénétraient jusqu’à elles. Une jeune fille se pencha dehors, une boîte à la main et cria :

— Où allez-vous ? Où allez-vous ?

— Au pays où l’on n’a besoin ni de lumière ni d’allumettes ! cria Nils.

La jeune fille pensait bien avoir entendu le gloussement des oies, mais comme elle avait cru distinguer quelques mots, elle répondit cependant :

— Laissez-moi venir avec vous ! Laissez-moi venir avec vous !

— Pas cette année, pas cette année, cria Nils.

À l’est des fabriques, Jönköping s’élève dans le plus beau site que puisse souhaiter une ville. L’étroit lac Vettern a des rives hautes et escarpées à l’est comme à l’ouest, mais à la pointe sud, les remparts de sable semblent démolis comme pour offrir une grande porte par laquelle on arrive à la berge. Au milieu de la porte, entre des montagnes à l’est et des montagnes à l’ouest, avec le lac de Munksjö derrière et le Vettern devant elle s’étend la ville.