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à travers la suède

leur rendit très pénible le travail journalier. Lorsque les oies sauvages passaient, libres et allègres, là-haut, très haut au-dessus de la terre, il n’y avait personne qui ne quittât son ouvrage pour les suivre des yeux.

Les premiers qui aperçurent les oies ce jour-là furent les mineurs du Taberg, occupés à arracher le minerai à fleur de terre. Entendant crier les oies, ils cessèrent de creuser leurs trous de mines, et l’un d’eux cria :

— Où allez-vous ? Où allez-vous ?

Les oies ne comprenaient pas ces paroles, mais le gamin se pencha et cria :

— Là où il n’y a ni pioche ni marteau.

À ces mots, les mineurs crurent que c’était leur propre nostalgie qui leur faisait entendre les cris des oies comme une voix humaine :

— Laissez-nous venir avec vous ! Laissez-nous venir avec vous ! appelaient-ils.

— Pas cette année, cria Nils. Pas cette année.

Les oies sauvages, toujours aussi bruyantes, suivaient la rivière de Taberg vers le Munksjö. Sur l’étroite langue de terre entre le Munksjö et le Vettern s’élève la ville de Jönköping avec ses grandes usines. Les oies passèrent d’abord au-dessus de la fabrique de papier de Munksjö. C’était justement l’heure de la rentrée après le déjeuner, et des groupes d’ouvriers se dirigeaient vers la porte de la fabrique. En entendant les oies sauvages, ils s’arrêtèrent un moment pour écouter :

— Où allez-vous ? Où allez-vous ? lança un ouvrier.

Les oies sauvages ne comprirent pas, mais le gamin répondit :