nous serons auprès des oies, nos ennuis seront finis », pensa Nils en s’enfonçant dans la paille pour avoir chaud.
La vache n’avait cessé de s’agiter.
Tout à coup elle adressa la parole au gamin.
— Il me semble que l’un de vous, en entrant, m’a dit qu’il était un tomte. Si c’est vrai, il doit savoir soigner une vache.
— Qu’est-ce qui te manque ? demanda Nils.
— Il me manque toutes sortes de choses, dit la vache. On ne m’a pas traite ni étrillée. Ma litière n’est pas faite et l’on ne m’a pas apporté mon fourrage du soir. Ma maîtresse est venue un moment au crépuscule pour me soigner, mais elle s’est sentie si malade qu’elle est repartie ; puis elle n’est plus revenue.
— Je regrette d’être si petit et si faible, dit le gamin. Je ne crois pas que je puisse t’aider.
— Tu ne me feras pas croire que tu es faible, bien que tu sois petit, répliqua la vache. Tous les tomtes dont j’ai entendu parler étaient si forts qu’ils traînaient tout seuls un chariot de foin et tuaient un bœuf d’un coup de poing.
Nils ne put s’empêcher de rire.
— C’étaient des lutins d’une autre espèce que moi, dit-il. Tout ce que je puis faire, c’est détacher ta chaîne et t’ouvrir la porte de l’étable. Tu pourras ainsi sortir boire dans la cour. En attendant je grimperai dans le fenil et j’essaierai de jeter un peu de foin dans ta crèche.
— Ce serait toujours ça, dit la vache.
Nils fit ce qu’il avait dit, et quand la vache fut réinstallée devant sa mangeoire pleine, il pensa pouvoir enfin dormir. Mais à peine se fut-il enfoncé dans la paille que la vache recommença à lui parler.