maisons, gris, rongés de lichens, penchaient, comme prêts à s’écrouler. Les toits montraient des trous béants, et les portes pendaient de travers sur des gonds brisés. Il était évident que depuis des années personne n’enfonçait plus un clou dans les murs pour tenir ces constructions en état.
Cependant le voyageur qui demeurait éveillé avait calculé où était l’étable. Il secoua ses camarades et les y conduisit. La porte n’était fermée qu’au loquet ; à l’aide d’une gaule il parvint à l’ouvrir. Déjà il poussait un soupir de soulagement ; mais lorsque le battant tourna avec un grincement aigu, une vache beugla dans le fond de l’étable : « Tu viens donc enfin, maîtresse ? dit-elle. Je pensais que tu ne comptais pas me donner à manger ce soir. »
Les trois voyageurs s’arrêtèrent net en voyant que l’étable n’était pas vide, mais se rendant compte qu’il n’y avait là qu’une seule vache et trois ou quatre poules, ils reprirent courage.
— Nous sommes trois pauvres voyageurs qui désirons trouver pour la nuit un abri où le renard ne puisse nous attaquer et où les hommes ne nous attrapent pas, dit l’un des trois. Ne serions-nous pas bien ici ?
— Il me semble que oui, répondit la vache. Les murs sont en mauvais état, mais ce n’est tout de même pas le renard qui pourrait les traverser, et la ferme n’est habitée que par une vieille femme incapable d’attraper qui que ce soit. Mais qui êtes-vous ? continua-t-elle en se tournant pour essayer de voir les visiteurs.
— Je suis Nils Holgersson de Vestra Vemmenhög qui a été changé en tomte, répondit le premier entré,