XVI
LA VIEILLE PAYSANNE
Trois voyageurs fatigués étaient dehors très tard dans la soirée et cherchaient un gîte pour la nuit. Ils traversaient une partie pauvre et déserte du Smâland septentrional. Et certes ils auraient dû trouver un lieu de repos à leur convenance, car ils n’étaient pas de ces sybarites douillets qui exigent des lits confortables et des chambres bien closes.
— Si parmi ces longues crêtes de montagnes il y avait un pic assez escarpé pour qu’un renard ne pût l’escalader, nous y serions bien pour passer la nuit, disait l’un.
— Si un seul de ces grands marais avait dégelé assez pour qu’un renard n’osât s’y risquer, ce serait un très bon refuge, dit le deuxième.
— Si la glace d’un des lacs que nous traversons s’était détachée de la rive de sorte qu’un renard ne pût l’atteindre, nous aurions trouvé ce qu’il nous faut, dit le troisième.
Pour comble de malheur, dès que le soleil fut couché, deux des voyageurs eurent tant de mal à