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le merveilleux voyage de nils holgersson

— Prends garde ! cria-t-il à la Rafale.

Celui-ci était si aveuglé par la colère qu’il ne fit point attention au couteau ; il se jeta sur la pointe, qui lui entra dans l’œil et pénétra jusqu’au cerveau. Nils retira rapidement son arme, mais la Rafale battit des ailes et tomba mort.

« La Rafale est mort ! L’étranger a tué notre chef ! » s’exclamèrent les corneilles, et un vacarme terrible s’ensuivit. Quelques-unes gémissaient, d’autres criaient vengeance. Toutes coururent et voletèrent vers le gamin, Fumle-Drumle en tête. Mais comme toujours celui-ci fut gauche et maladroit. Il volait au-dessus du gamin en battant des ailes et ne faisait qu’empêcher les autres d’approcher et de le tuer à coups de bec.

Nils comprit le danger et regarda désespérément autour de lui pour trouver un refuge. Il lui paraissait impossible d’échapper aux corneilles, lorsque tout à coup il aperçut la cruche. Il saisit violemment le couvercle, le releva et sauta dans la cruche pour s’y cacher. C’était une mauvaise cachette, car elle était remplie jusqu’au bord de petites monnaies d’argent. Pas moyen de s’y enfoncer. Nils se baissa et se mit à jeter l’argent.

Les corneilles l’avaient entouré en un essaim épais, mais lorsqu’il commença à jeter l’argent, elles oublièrent leur soif de vengeance pour ramasser les petites pièces. Le gamin lançait l’argent par poignées et toutes les corneilles, la Bourrasque elle-même, se battaient pour les attraper. Dès qu’une corneille s’était emparée d’une monnaie, elle s’envolait en toute hâte pour cacher son trésor.

Nils n’osa lever la tête que lorsqu’il eut jeté toutes les pièces d’argent ; il n’y avait plus dans le trou