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à travers la suède

poule. Elle la cherchait en vain. Peux-tu deviner, Long-Bec, qui la trouva, elle et les œufs ?

— Je pense que oui, la Rafale. D’ailleurs j’ai une histoire assez analogue à vous raconter à mon tour. Vous rappelez-vous la grosse chatte noire du presbytère de Hinneryd ? Elle était mécontente de ses maîtres qui lui enlevaient toujours ses petits nouveau-nés et les noyaient. Une fois elle réussit à les cacher. C’était dans une meule de foin en plein champ. Elle était enchantée de ces petits-là, mais je crois que j’en eus plus d’agrément qu’elle.

Toutes les corneilles avaient des histoires à raconter. Elles s’excitaient et parlaient toutes à la fois.

— Voler des œufs et des petits, il n’y a pas là de quoi se vanter. Ce n’est pas malin, dit l’une. Moi, j’ai une fois chassé un levraut qui était presque un lièvre. Je le poursuivais de buisson en buisson.

Une autre corneille lui coupa la parole.

— C’est amusant de faire enrager les poules et les chattes, mais il est plus admirable qu’une corneille puisse donner du souci à un homme. J’ai une fois volé une cuiller d’argent…

Nils les interrompit tout à coup, indigné. Il en avait assez entendu.

— Taisez-vous, corneilles, s’écria-t-il, vous n’avez pas honte ? J’ai vécu pendant trois semaines parmi les oies sauvages et je n’y ai vu faire et entendu dire que du bien. Vous devez avoir un mauvais chef, s’il vous permet de piller et de tuer ainsi. D’ailleurs vous feriez mieux de commencer une nouvelle vie, car je puis vous dire que les hommes, las de vos méfaits, vont essayer par tous les moyens de vous exterminer.

À ces mots, la Rafale et ses compagnons entrèrent