Plus ils pénétraient dans l’intérieur du pays, plus les lacs devenaient grands et riches en îles et en caps. Sur une grève, le canard faisait des grâces devant la cane :
— Je te serai fidèle toute ma vie, je te serai fidèle toute ma vie.
— Pas même jusqu’à la fin de l’été, cria le gamin en passant.
— Qui es-tu, toi ? demanda le canard.
— Je m’appelle Prisonnier-des-corneilles, cria Nils.
Vers midi les corneilles s’abattirent dans un pâturage, pour manger. Aucune d’elles ne songea à rien donner au gamin. Tout à coup Fumle-Drumle s’approcha du chef et lui présenta une branche d’églantine où restaient encore quelques baies rouges.
— C’est pour toi, la Rafale, dit-il.
La Rafale renifla avec mépris.
— Tu crois que je veux manger de vieux fruits secs ? dit-il.
— Je pensais t’être agréable ! répartit Fumle-Drumle désappointé en jetant la branche.
Elle tomba droit devant Nils, qui s’en empara pour se rassasier.
Quand les corneilles eurent mangé suffisamment, elles se mirent à bavarder.
— À quoi penses-tu, la Rafale ? Tu es muet aujourd’hui, dit l’une.
— Je pense à une poule qui vécut jadis dans cette contrée ; elle aimait beaucoup sa maîtresse, et pour lui faire plaisir, pondit une couvée d’œufs qu’elle cacha sous le plancher de la grange. La maîtresse s’étonnait naturellement de l’absence de la