dire qu’il ne tenait pas de ses ancêtres et n’aurait jamais pu être chef. Personne ne se serait d’ailleurs occupé de lui, s’il n’avait toujours fait des sottises. D’aucuns disaient que c’était peut-être un bonheur pour lui d’être si gauche et si stupide ; autrement la Rafale et sa femme n’auraient sans doute point gardé dans la bande un membre de l’ancienne famille des chefs.
Maintenant ils étaient assez gentils pour lui, et l’emmenaient souvent dans leurs chasses. Tout le monde pouvait alors voir combien ils étaient plus habiles et plus intrépides que lui.
Aucune des corneilles ne se doutait que c’était Fumle-Drumle qui avait arraché le chiffon de la fenêtre ; elles auraient été fort surprises de l’apprendre. Personne ne lui soupçonnait l’audace de s’approcher ainsi d’une demeure humaine. Lui-même n’en dit rien ; il avait ses raisons. La Rafale et la Bourrasque le traitaient toujours bien pendant le jour et en présence des autres corneilles, mais une nuit sombre, après que toutes les autres corneilles s’étaient déjà perchées pour dormir, il avait été attaqué par deux corneilles et à demi assommé. Après cet attentat il avait pris l’habitude, dès que venait l’obscurité, d’abandonner son ancienne place et de se réfugier dans la cabane vide.
Or, un après-midi de printemps, les corneilles ayant fini d’installer leurs nids, firent une découverte étrange. La Rafale et la Bourrasque et deux autres corneilles étaient descendues au fond d’un grand trou dans un coin de la lande. Ce n’était qu’une carrière de sable, mais les corneilles ne comprenaient pas pourquoi les hommes l’avaient creusée. Curieuses, elles y venaient sans cesse, tournaient et retournaient