si bien que des champs immenses n’étaient que des landes arides, où le sable et la poussière tourbillonnaient au moindre souffle.
— Quelle était ton intention en créant un pays pareil ? demanda le Seigneur.
Saint Pierre s’excusa : il avait voulu construire un pays aussi élevé que possible pour qu’il eût beaucoup de soleil.
— Mais il aura aussi à souffrir du froid et de la gelée nocturne, répliqua le Seigneur, car le froid vient du ciel, lui aussi. J’ai bien peur que le peu qui poussera ici ne gèle.
Saint Pierre n’avait point songé à cela.
— Oui, ce sera un pays pauvre et exposé aux gelées, conclut le Seigneur, il n’y a rien à y faire.
Le Seigneur fut très affligé, mais saint Pierre ne se laissa pas décourager. Il voulut même consoler le Seigneur.
— Ne prends pas cela si à cœur ! dit-il. Attends seulement que j’aie eu le temps de créer un peuple capable de cultiver les marais et de défricher les champs !
À bout de patience, le Seigneur s’écria :
— Non, non, va en Scanie, dont j’ai fait un pays bon et facile à cultiver, et crée les Scaniens ; je veux créer moi-même le Smâlandais.
Et Notre Seigneur fit le Smâlandais vif, débrouillard, gai, travailleur et capable, et content de peu afin qu’il pût tirer sa subsistance de son pauvre pays.
Ainsi finissait l’histoire du petit Mats ; si Nils Holgersson avait su se taire, il n’y aurait rien eu, mais Nils ne pouvait s’empêcher de demander comment saint Pierre avait réussi à créer les Scaniens.